Je ne sais pas si vous avez déjà eu la blague : vous achetez un pull (de Noël) et vous avez présumé de votre sveltitude…

Il est trop petit. Beaucoup trop petit et vous tirez pour cacher la « boutroule qui stitche ». C’est un peu ce que notre Echevin des Finances oheytois a essayé de faire discrètement lors du conseil communal du 19 décembre.

 

Ecolo&citoyens est inquiet quant à la santé financière de la commune.

 

L’ambiance est à la collaboration avec le Bourgmestre pour trouver des solutions. Cependant force est de constater que le recours à l’emprunt est impressionnant (+2.270.000€ rien qu’en 2019). Les recettes supplémentaires à l’ordinaire (notamment grâce aux éoliennes) permettent tout juste de compenser l’augmentation conséquente des frais de fonctionnement communaux. Si tous les investissements prévus dans le budget 2019 sont réalisés, même le directeur financier nous annonce des lendemains qui déchantent.

« Même le directeur financier ne sait pas comment budgéter les dettes en 2020 »

Nous avons donc voté POUR les projets à l’extraordinaire mais nous nous sommes abstenus sur le montage financier proposé par la majorité pour les financer.

 

 

Position difficile pour Ecolo&citoyens

C’est d’autant plus difficile pour Ecolo&citoyens de pointer ce travail téméraire auquel se livre le Collège cette année que la collaboration avec la majorité est bonne :

  • La transparence semble de mise. Les conditions d’un contrôle démocratique des comptes et budgets sont réunies,
  • Les projets porteurs et visionnaires sont maintenus
    • le réseau de chaleur que nous appelons de nos vœux,
    • le projet transcommunal du VICIGAL,
    • la maison des médecins,
    • le recours au deuxième pilier de pension pour les fonctionnaires communaux,
    • le budget conséquent libéré pour la formation du personnel communal

Cependant, le budget à l’ordinaire est plus que serré : Tous les postes augmentent de manière importante. Les dépenses ne sont pas maîtrisées.


Budget à l’ordinaire : le pull est trop petit

Des recettes fiscales supplémentaires immédiatement dépensées

Les recettes progressent de 253.000€ notamment grâce aux revenus des éoliennes mais également à l’effort fiscal des Oheytois et à la contribution conséquente des parents dans l’accueil extra-scolaire. Nous aurions aimé que ces nouvelles recettes servent à financer des projets en matière de diminution de la consommation énergétique. Or, nous constatons que ces recettes supplémentaires sont exclusivement absorbées par l’augmentation des frais de fonctionnement et de personnel (écoles, accueil extrascolaire, conséquence du pacte d’excellence) ainsi que par la charge de la dette liée aux investissements déjà consentis.

 

Comment dans ces conditions, absorber encore en 2020, une charge de la dette supplémentaire de 140.000€ ? Soit il faudra sabrer dans d’autres dépenses (lesquelles ?), soit le collège sait déjà qu’il ne réalisera pas l’ensemble de ses investissements.

Note : les dépenses totales de personnel augmentent moins que les dépenses dans l’enseignement car d’autres services voient leurs dépenses diminuer

 

Nous déplorons également cette forte contribution des parents des écoles à l’accueil extra-scolaire. Elle ne permet pas à chacun de vivre la même expérience scolaire.

 

Un fond de réserve qu’on n’approvisionne quasiment plus

Le budget 2018 permettait encore de dégager une marge pour approvisionner le fonds de réserve extraordinaire de 360.000€, le budget 2019 ne permet plus qu’un maigre approvisionnement à ce fonds à concurrence de 40.000€. C’est moins que ce qu’on va ponctionner au cours de l’année (66.000€). Nous pompons donc de plus en plus dans nos réserves qui se tarissent dangereusement (-26.000€). D’autant plus dangereusement que, dans le même temps, nous augmentons tous les ans considérablement les sommes empruntées et donc les dépenses de dettes. Rappelons également que notre fonds de réserve à l’ordinaire est complètement vide.

 

Nos marges de manœuvre deviennent nulles. Le budget 2019 compromet l’avenir financier des Oheytois pour plusieurs années. Ce budget affaiblit la situation de la commune l’empêchant de faire face au moindre aléa (augmentation des taux d’intérêt, augmentation des transferts vers la zone de police ou la zone de secours, décisions du gouvernement fédéral…)

 

 

45.000€ de revenu éolien pour rien ?

Nous constatons que le revenu des éoliennes pour lesquelles nous nous sommes battus pendant la précédente législature ne sert qu’à éponger une partie des frais de fonctionnement supplémentaires (voir tableau précédent). Il n’y a donc aucune politique volontariste de réduction de la consommation d’énergie pour laquelle cette manne annuelle de 45.000€ aurait pu être utilisée. Il y a bien la réfection de la toiture de l’administration communale (150.000€ à l’extraordinaire) avec ses panneaux photovoltaïques mais son coût est financé par le fonds de réserve.

 

En suivant la logique d’une réinjection de l’éolien dans les économies d’énergie, les 45.000€ auraient dû

  • soit venir grossir la dotation au Fonds de réserve extraordinaire (qui aurait alors dû être de 245.000€) et utilisés à des travaux d’économie d’énergie à l’extraordinaire
  • soit être injectés dans les frais de fonctionnement ou de personnel du service du conseiller énergie (conseils aux particuliers et aux entreprises, primes à l’isolation).

 

Extraordinaire : on dépense des sous qu’on est pas sûr d’avoir ?

Nous l’avons dit, le fonds de réserve sera très peu approvisionné en 2019 et surtout, le Collège compte prélever plus d’argent qu’il n’en apporte. Ce fonds est donc voué encore à s’amenuiser et perdre 26.000€.

Plus préoccupant : les investissements à l’extraordinaire sont équilibrés en tenant compte d’un prélèvement dans le fonds de réserve (hors PIC) de 836.127,55€. Or, ce fonds ne contient que 241.085,28€. Comment cela est-il donc possible ? Simplement parce que le Collège considère que les terrains encore en sa possession et qu’il compte vendre dégageront une recette de 750.000€ et qu’il vendra du matériel roulant pour 20.000€. Tout cela reste très hypothétique et incertain. Des terrains cela met longtemps à se vendre et généralement moins bien que ce que l’autorité avait prévu. Dès lors, il nous semble très dangereux de jouer avec un fonds de réserve virtuel. Dépenser les sous qu’on a pas encore, voilà une attitude qu’on nous déconseille d’adopter dans nos foyers.

 

Extraordinaire : recours massif à l’emprunt ?

Ce n’est pas tant le taux d’endettement ou le taux de dépense de la dette qui est important (10.69% en 2019) que l’impossibilité d’assumer cette charge à l’avenir compte tenu du caractère serré du budget ordinaire. Certaines communes sont bien plus endettées, mais ont des capitaux facilement réalisables (comme des coupes de bois par exemple) ou ont encore la capacité de lever des impôts supplémentaires là où Ohey est quasi au maximum de ce qui est admis.

C’est d’autant plus inquiétant que le recours à l’emprunt est chaque année plus prégnant et donc l’impact sur le budget ordinaire aussi.

 

Nous l’avons dit, le fonds de réserve ordinaire est vide. Le fonds de réserve extraordinaire n’est guère plus fourni. Nous voyons également que les fonds permettant les investissements projetés à l’extraordinaire proviennent très peu de fonds propres et encore moins d’un transfert de l’ordinaire comme cela a pu être le cas auparavant.

Conclusion :

Notre envie est de collaborer avec la majorité pour trouver des solutions au manque de fonds. Nous ne placerons pas les 6 prochaines années dans une logique d’opposition pour l’opposition. En revanche, nous ne pouvons nous résoudre à avancer dans un tel brouillard financier pour les années à venir en engageant des emprunts que nous ne savons pas comment financer ensuite. Nous regrettons que le Collège nous place ainsi dans la position du rabat-joie, du petit cousin qu’on n’invite plus au repas de Noël parce qu’il reste raisonnable. Nous aimerions nous aussi nous réjouir et faire la Fête.

 

En l’état, le budget ordinaire 2019 met dans l’incertitude l’avenir financier de la commune et reporte à 2020 les problèmes d’équilibre qui ne manqueront pas de se poser compte tenu de l’augmentation conséquente de la charge de la dette et de l’absence complète de marge, de réserve et de solution pour financer cette nouvelle charge (on verra nous dit-on).

 

En revanche, nous voulons apporter notre soutien à la majorité quant aux projets choisis à l’extraordinaire qui comporte pour la plupart une vraie vision.

*Photo de couverture : C. DETHINE